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Lien croissant entre la recrudescence du cancer au Liban et la corruption au sein de l’Union Européenne

French translation by Alexandra Allio de Corato

La corruption au Liban engloutit l’argent de l’Union Européenne (UE) pour des projets environnementaux que les scientifiques qualifient aujourd’hui de “catastrophe” pour la santé. L’argent destiné au recyclage et aux contrats de compostage est détourné par la propre agence anti-corruption du pays. Mais à qui?

La ville de Miniyeh était autrefois considérée comme un paradis. Pendant des centaines d’années, des gens de tout le nord du Liban ont afflué dans cette vallée, à quelques kilomètres au nord de Tripoli, le long de la côte libanaise, pour sa terre riche, ses eaux naturelles et sa beauté. Chrétiens et Musulmans y vivaient en harmonie, même pendant les 15 années de guerre civile.

Cependant, cette ville et sa région connaissent maintenant un côté sombre. Pour beaucoup de ses habitants, majoritairement Musulmans, Miniyeh est victime d’une catastrophe environnementale qui est un sous-produit de la corruption dans le pays, d’un Armageddon environnemental imminent et de ses relations floues avec les donateurs internationaux.

Les populations locales sont empoisonnées par l’eau de puits infectée, à la suite d’un projet de recyclage financé par l’UE qui, dès le début, était voué à l’échec en raison de la corruption au sein du gouvernement central et d’une complaisance scandaleuse de Bruxelles à vérifier comment son propre argent était dépensé.

Une enquête approfondie, des experts en environnement, des universitaires et des militants anti-corruption montrent du doigt un programme de compostage et de recyclage financé par l’UE, qui, selon eux, pollue réellement l’eau dans toute la région et menace la vie de centaines de milliers de citoyens. Fait remarquable, certains vont même jusqu’à établir un lien avec le nombre croissant de décès dus au cancer dans le nord du Liban.

Notre propre enquête de 18 mois a révélé que l’UE investit allègrement des millions de dollars dans des projets environnementaux sans ressentir le moindre intérêt pour la manière dont l’argent est dépensé, encourageant ainsi les grandes entreprises et les fonctionnaires à se gaver d’argent facile.

Si l’on s’aventure un peu plus dans l’absurde, dans le tourbillon de ce monde obscur, il y a le ministère de la lutte contre la corruption du gouvernement, qui aurait déjà été complice de l’arnaque pendant de nombreuses années, ce qui inquiète les experts concernant l’ensemble du programme européen couvrant une douzaine de régions, qu’il soit lui-même complètement bidon et représente une menace très réelle sur la santé publique.

Accessoires pour décor de cinéma.

En 2005, une usine de compostage et de recyclage a été ouverte à Miniyeh. Elle a été entièrement financée par l’UE en deux étapes: sa construction et son exploitation. Pourtant, dès le début, la construction a été une imposture grossière et flagrante, orchestrée par une société et, au vu de l’appel d’offres lancé par l’OMSAR du gouvernement libanais (un ministère chargé de la réforme gouvernementale) dont le seul rôle était de produire d’énormes et fausses machines à composter; en réalité, il s’agissait simplement de bidons vides et construits dans le but de faire croire que l’argent de l’UE devait être versé à hauteur de 500 000 euros. Ces fûts n’ont jamais produit ne serait-ce qu’une poignée de compost et, des années plus tard, ils devaient jouer un rôle d’allusion avec au moins trois ambassadeurs de l’UE à Beyrouth.

11 ans plus tard, après que l’ambassadeur de l’UE nouvellement arrivé (et actuel) eut assisté à une cérémonie en présence de dignitaires pour inaugurer un nouveau tour de financement, ils ont été expulsés (les fûts).

Ces énormes tambours ont été jetés dans un champ à proximité, ressemblant à des accessoires redondants laissés par un film Star Wars. En fait, à l’insu de l’infortuné “ambassadeur” de l’UE, un Danois qui jouit d’une vie trépidante à Beyrouth, ils étaient (les tambours) disposés dans l’usine depuis plus d’une décennie sans fonctionner.

Un demi-million d’euros a été remis à une entreprise pour produire ces faux fûts de compostage, qui ont été laissés en place spécifiquement pour tromper un ambassadeur de l’UE (photo), qui a été amené à croire qu’ils fonctionnent.

Mais lors de cette cérémonie grotesque organisée pour la presse en 2016, un homme politique local a fait campagne depuis quatre ans pour changer les procédures d’appel d’offres afin que de tels marchés gargantuesques et corrompus ne puissent plus être conclus avec des fonds européens, Imad Matar. C’est un homme modeste, humble et mal à l’aise dans le rôle de dénonciateur, mais ses allégations incendiaires menacent de mettre fin aux procédures de financement de l’UE au Liban via OMSAR et de forcer l’UE à être plus responsable dans la manière dont elle finance ces projets environnementaux.

“Ces tambours n’ont jamais fonctionné du tout. Ils ont tout essayé pour qu’ils fonctionnent,” me dit-il dans une interview. “Et bien sûr, c’est suspect,” dit-il en souriant.

Calmement, il ajoute discrètement: “je crois qu’il y a eu de la corruption dans l’acquisition de ces machines. Tous les visiteurs qui ont vu les machines ont convenu que ces machines étaient fausses et qu’elles avaient été acquises pour le seul bénéfice du fournisseur.”

L’autorité locale que représente Matar, qui supervise le projet de l’UE, s’est donc retrouvée avec une usine entièrement bidon, qui n’était au mieux qu’une usine de tri, après avoir avalée un montant stupéfiant de 2.5 millions d’euros d’aide communautaire au total. Exaspéré d’essayer de faire remarquer que l’ensemble de l’installation était bidon, tant pour l’UE que pour l’OMSAR, il a ensuite fait appel à l’ONU et à l’organisation caritative Merci Corps du Royaume-Uni pour aider à “terminer” la construction de l’usine. Le résultat est une installation de tri en bon état de fonctionnement, mais avec un côté compostage de mauvaise qualité qui, jusqu’à présent, était à l’air libre, un risque pour la santé environnementale en soi.

Pourtant, c’est la perturbation du réseau de petites décharges de Miniyeh qui est également au cœur de ce que Imad Matar et une foule d’experts croient aujourd’hui responsable d’empoisonner l’eau dans la région et infecter ainsi les populations locales. Ceux qui contrôlaient l’appel d’offres de l’UE pour l’usine de recyclage et de compostage ont choisi une grande décharge régulière et singulière, située à quelques kilomètres plus haut, alors qu’une étude d’impact sur l’environnement mettait expressément en garde contre cette pratique.

Imad Matar affirme qu’il a également averti le chef de l’UE lors de la cérémonie que c’était imprudent et, a même proposé d’en construire un lui-même avec l’argent local. “Quand Christina Lassen (Chef de la délégation libanaise de l’UE) est arrivée ici en Juillet 2016, je lui ai dit que cette installation avait besoin d’un site d’enfouissement secondaire à proximité et que nous en assumerions le financement et la construction.”

Ce moment embarrassant. Christina Lassen, chef de la délégation libanaise de l’UE, assise avec un Imad Matar très troublé.

Matar et un certain nombre d’experts que j’ai interrogés sont tous convaincus que le compost que l’usine financée par l’UE a produit pendant plus d’une décennie était associé à des bactéries mortelles et peut-être même à des métaux dangereux. Aucune usine de l’UE au Liban ne produit de compost d’une qualité suffisante pour être vendu aux agriculteurs, mais celui de Miniyeh était tellement infecté que, après avoir été déversé dans cette décharge, il a empoisonné la nappe phréatique de toute la région.

Avertissement “Toxique” d’un expert

Sur les cinq échantillons d’eau indépendamment recueillis dans des puits que l’auteur a personnellement prélevés et remis au laboratoire de l’Université américaine de Beyrouth, tous étaient contaminés par des niveaux alarmants de bactéries, que les responsables locaux de Miniyeh estiment responsables d’une augmentation d’un certain nombre de maladies ces dernières années. L’une des écotoxicologues les plus respectées du pays, la Docteure Carol Sukhn, de l’AUB, a été choquée d’apprendre les résultats des tests. “Il s’agit de niveaux incroyablement élevés de bactéries dans ces échantillons d’eau…Je veux dire, c’est essentiellement de l’eau d’égout que ces gens boivent pour être exposés à toutes sortes de maladies graves, car ils sont empoisonnés et risquent même de développer certaines formes de cancer,” m’a-t-elle dit en Novembre 2018.

Échantillons d’eau qui se sont avérés être “essentiellement des eaux usées” d’après des tests de laboratoire et les évaluations.

“Si les 12 usines financées par l’UE ne parviennent pas à produire du[bon] compost alors que des déchets solides sont apportés quotidiennement dans leurs locaux, cela peut être considéré comme une catastrophe tant pour l’environnement que pour la santé humaine,” prévient-elle plus récemment en Janvier 2019, après avoir vu les résultats d’une étude réalisée par la municipalité elle-même. “Les 12 sites seront comme des décharges actives, mais sans les caractéristiques des décharges, et ils contamineront les aquifères, le sol et l’air, pour n’en mentionner que quelques-uns, avec toutes sortes de substances toxiques. Cela aura encore plus d’implications[sanitaires], surtout si ces déchets solides comprennent des rejets hospitaliers, alors l’effet sur la santé humaine est énorme et irréversible,” a-t-elle averti.

Sa mise en garde effrayante contre les rejets hospitaliers est particulièrement inquiétante étant donné qu’une usine de l’UE dans le sud a été impliquée dans un scandale impliquant des déchets hospitaliers.

Pour Miniyeh, cependant, l’universitaire prévient que les niveaux étaient “plus de cent fois” supérieurs aux niveaux minimaux de concentrations bactériennes acceptables recommandés par les organisations internationales de la santé, mais elle s’inquiète davantage des conséquences désastreuses des tests: “Ce qui m’inquiète, c’est qu’avec ces niveaux élevés de bactéries, il pourrait aussi y avoir des métaux lourds dans l’eau, ce qui est encore plus grave,” ajoute-t-elle.

Les experts conviennent qu’un modèle acceptable de compostage serait que les sites produisent 80 % de compost de bonne qualité et acceptent que 20 % de mauvais. Mais aucun site financé par l’UE ne peut s’approcher de ce chiffre, d’après nos recherches. Dans le cas de Miniyeh, qui collecte 60 tonnes de déchets par jour, environ 70 % de ces déchets sont transformés en compost et le reste retourne directement à la décharge. Les deux catégories sont toutefois contaminées et ont entraîné l’empoisonnement des eaux souterraines à des kilomètres à la ronde en raison du mépris malveillant de l’obligation d’en rendre compte.

Qui est responsable?

Alors qui est à blâmer? Selon Matar, et d’ailleurs les experts libanais en environnement, OMSAR a lui-même un problème de corruption car presque tous l’accusent de détournement des fonds qu’il contrôle dans le processus d’appel d’offres. Même des ministres du gouvernement que j’ai interviewés se sont joints aux accusations contre lui, certains suggérant que le Hezbollah lui-même a des fonctionnaires au sein de ministères comme OMSAR dont le seul travail est d’obtenir de l’argent pour le groupe soutenu par l’Iran. Au Liban, il est largement admis que les recettes des ministères sont pillées par les groupes politiques et que de nombreux ministres agissent en tant que comptables douteux et cherchent à leur obtenir des fonds publics.

Les enquêtes sur les pratiques d’OSMAR brossent le portrait d’un groupe bien organisé de fonctionnaires qui travaillent en tandem avec des hommes d’affaires liés à la politique, qui fournissent le matériel pour les projets financés par l’UE, quelle que soit l’expertise requise. “Ce sont toujours les mêmes entreprises qui obtiennent tous les contrats à chaque fois et ces entreprises sont très proches des responsables d’OMSAR,” a déclaré une source qui a insisté pour ne pas être nommée. J’ai posé cette question à Matar qui prétend qu’on l’envoyait balader chaque fois qu’il se plaignait de la “corruption” derrière la construction de l’usine.

“Non seulement nous avons parlé à OMSAR à plusieurs reprises de ce qui se passait, nous avons aussi essayé d’obtenir des rencontres avec la ministre[de l’époque], mais elle nous a totalement ignorés. Il est nerveux à l’idée de l’expliquer dans une interview enregistrée dans un pays sans loi où de tels propos peuvent vous faire tuer. Il sourit et essaie de choisir des mots plus appropriés sur le plan politique lorsque je parle sans détours des accusations de corruption portées contre OMSAR…OMSAR n’a pas aussi bien fonctionné. C’est soit de la politique, soit de la corruption[avec un léger sourire]. Ils ne sont même pas venus une seule fois pour vérifier si l’installation fonctionne ou non. Je dirai sûrement qu’ils ne fonctionnent pas correctement.”

Au cœur de ces allégations se trouve Mohamed Baraki, un fonctionnaire qui prend les décisions sur les contrats lucratifs et dont le mépris envers les usines de l’UE était tout à fait stupéfiant.

Dans une interview enregistrée, il a non seulement admis que l’usine financée par l’UE avait entièrement pollué l’eau à proximité de l’usine de Miniyeh, mais il a également attribué cela au type de décharge utilisée comme inappropriée tout en ajoutant qu’une nouvelle décharge aurait pu facilement être construite pour peu ou pas de frais.

Comble de l’ironie qu’il est le chef de projet de l’usine et qu’il a pris toutes les décisions, son découragement à l’égard de Miniyeh et des implications pour la santé publique était alarmant…Peut-être, selon lui, une indication de la raison pour laquelle les usines sont un échec est que la “corruption” fasse partie du problème, ce qui a rendu leur succès presque impossible.

Dans une autre interview, qui frôle parfois la farce, il admet même que toutes les usines “ne fonctionnent pas très bien,” mais nie lui-même tout acte répréhensible et rejette la faute sur le vide en matière de loi libanaise régissant le secteur, sur un manque de contrôle du ministère de l’environnement et sur aucune loi efficace de compostage.

Le responsable d’OMSAR au centre de la tempête, qui nie toute mauvaise action, admet que la “corruption” fait partie du problème et admet que le compost n’est “pas sûr” et que la nappe phréatique est polluée.

Il nie également toute faute professionnelle de la part d’OMSAR dans le choix des entreprises qui obtiennent les contrats, admet qu’il est “préoccupé” par la centrale de Miniyeh et admet même que le compost constitue une menace pour la santé publique.

“Je ne dis pas que c’est sûr. La qualité du compost est toujours affectée par la matière qui arrive à l’installation. Je ne peux pas contrôler ce qui est jeté à la poubelle,” ajoute-t-il en haussant les épaules. Mais ce n’est pas très convaincant. La façon dont Baraki décrit l’efficacité des usines de l’UE qu’il a construites, c’est comme si un médecin (fatigué) utilisait un sparadrap (déjà utilisé) pour soigner un patient, victime d’un membre amputé!…

Il prétend que 50% des déchets qui arrivent sont “au moins” traités avant d’être rejetés à la décharge, mais ne reconnaît pas que ce compost produit pollue la nappe phréatique presque autant que les ordures brutes qui sont retournées. La majorité des installations de l’UE sont essentiellement une perte totale de temps, d’argent, d’efforts et d’administration et, dans la plupart des cas, représentent une menace pour la santé publique, sans parler d’un gaspillage fabuleux de l’argent des contribuables européens.

Néanmoins, il semble admettre, vers la fin de l’interview, que le projet est une quasi- réussite, avec seulement 5 sites sur 12 qui, selon lui, ont un impact quelconque sur l’environnement. Mais même cette estimation est de la folie et ses arguments manquent de crédibilité.

Un test en laboratoire demandé par l’auteur et produit à contrecœur par Baraki pour démontrer la qualité du compost de l’un de ses meilleurs sites montre même un niveau alarmant d’Escherichia Coli dans le compost!

Frapper sur un tambour vide

Pourtant, c’est sa réponse aux allégations qui lui sont présentées que les contrats accordés aux entreprises sont, au mieux, suspects, ce qui est au cœur du problème. Ce sont ces contrats et la rapidité impressionnante avec laquelle les usines ont été construites qui ont commencé à faire paniquer l’UE qui, en 2017, a fait appel à un fonctionnaire français pour enquêter sur l’ensemble du programme. Choqué par ce qu’il a vu, le Français a été tellement alarmé qu’il a fait appel à une société de conseil extérieure pour chercher davantage…

Depuis 2014, le record de 25 millions d’euros mal dépensé a entraîné la fermeture non seulement de Miniyeh, mais aussi de deux autres usines dans le sud du Liban, au moment même où les entrepreneurs ont mis la main sur les fonds européens pour les construire.

Baraki, dans le déni complet, lutte pour accepter ces deux échecs et le gaspillage d’argent. Dans le cas de Miniyeh, dans le nord, il ne voit même pas à quel point les personnes pourraient se méfier d’une entreprise dont la seule expertise est la fabrication de bandes transporteuses, se voit attribuer un contrat de 480 000 euros pour la construction d’énormes fûts de compostage qui ont leur propre technologie. Quant aux fûts qui ne fonctionnent jamais comme machines à composter, il nie fermement les accusations selon lesquelles les fûts n’ont tourné que pendant cinq jours et n’ont rien produit.

Les fûts eux-mêmes, dont un fonctionnaire d’OMSAR affirme qu’ils ont fonctionné “pendant trois mois,” ont été déversés dans un champ à côté de l’usine.

Pourtant, les recherches ont révélé qu’à Miniyeh, les tambours ont été installés en 2005 et, après cinq jours, n’ont produit aucun compost. Sous la pression, Baraki les rejette comme une “fausse technologie” qui ne pourrait pas fonctionner au Liban, ce qui est curieux, étant donné qu’une entreprise qui les fabrique encore peut désigner au moins une usine au Liban où ils fonctionnent encore aujourd’hui, sans parler de trente ans d’USAID au Liban utilisant également la même technologie de tambour. De plus, il dit que les tambours étaient une “expérience” à Miniyeh, mais n’explique pas les circonstances mystérieuses de la façon dont l’entreprise qui a obtenu le contrat, une entreprise de construction routière qui a ensuite sous-traité le travail à un fabricant de bandes transporteuses et, il s’indigne malgré tout des insinuation de corruption.

Pourtant, mis à part ses prétentions selon lesquelles il est le bouc émissaire et le responsable de la mauvaise gestion, la vérité est que les tambours n’étaient jamais censés fonctionner, mais simplement tourner, car ils n’étaient que des accessoires de magicien, juste pour un tour de passe-passe afin d’obtenir rapidement de l’argent européen! Une enquête plus approfondie révèle des preuves plus incriminantes contre OSMAR enterrées dans un document confidentiel. L’étude, menée en 2005 et réalisée par des universitaires de l’AUB, a non seulement clairement énoncé la menace de contamination de l’eau si le compostage n’est pas effectué correctement, mais elle contredit aussi avec audace l’affirmation de Baraki selon laquelle ce sont les municipalités elles-mêmes qui ont choisi cette technologie.

Le compost de très mauvaise qualité produit par l’usine en 2016, qui contient clairement du verre, du plastique et d’autres corps étrangers, qui auraient été envoyés à la décharge.

Dans l’étude, il est également clairement indiqué qu’une société appelée Ceder Environmental devrait être chargée de fournir les fûts. Son chef, Ziad Abi Chakir, un homme d’affaires écologiste, a non seulement présenté les conceptions de l’étude, mais a également donné aux chercheurs les diagrammes et les dimensions des tambours.

Sans le vouloir, l’homme d’affaires de 50 ans, qui participe à une campagne juridique visant à interdire l’accès des incinérateurs au Liban, a donné à OMSAR tout ce dont il avait besoin pour remettre les plans à une entreprise de son choix.

OMSAR, l’agence anti-corruption, a-t-elle son propre problème de corruption?

Ziad Abi Chakir et beaucoup d’autres dans son domaine le croient. Lorsqu’on l’approche, il est remarquablement optimiste pour un homme qui a perdu un demi-million de dollars et dont la technologie a été volée. Il n’est pas surprenant qu’il demande que des contrôles beaucoup plus stricts soient mis en place pour les installations financées par l’UE.

“Cela aurait dû être le cas dès le premier jour. Les plombiers ne sont pas obligés d’opérer les yeux, même s’ils sont liés à la direction de l’hôpital,” dit-il en riant. “Ce qui est surprenant, c’est que même les projets financés par l’UE n’étaient pas soumis à des normes de responsabilité adéquates…et les résultats ont été désastreux.”

Sur Miniyeh, il est affirmatif quant à l’échec d’OMSAR dans la construction et l’exploitation de l’usine et son impact. Il est clair qu’en raison de la défaillance du module de compostage de Miniyeh, la majeure partie des déchets organiques a été déversée sans traitement dans la décharge d’Adweh et comme cette décharge n’est pas assainie, le seuil d’accumulation a été atteint rapidement et les eaux souterraines ont été gravement polluées, me dit-il.

La décharge près de Miniyeh (Adweh) qui a été utilisée par le projet européen a la hâte pour obtenir la subvention. Même OMSAR admet qu’elle était totalement inadaptée et une étude met en garde contre la pollution de l’eau si elle est utilisée. Alors pourquoi n’a-t-on pas construit un deuxième site d’enfouissement sur mesure?

Le ministre de la Santé utilise le mot commençant par C…

Le manque époustouflant d’études sur les impacts environnementaux et d’audits indépendants, sans parler du fait que l’OMSAR confie la construction des usines à des entreprises douteuses, tout en ignorant les avertissements des experts sur la santé publique, est inquiétant, surtout pour l’ancien ministre libanais de la Santé qui n’est pas du tout surpris des résultats des enquêtes, malgré les risques d’une épidémie à grande échelle qui s’est déclarée à sa porte.

Dans un entretien exclusif accordé en Janvier, Ghassan Hasbani, vice-premier ministre libanais (et ancien ministre de la Santé), reconnaît non seulement que l’OMSAR a un problème de corruption, mais va plus loin et appelle à une révision de ces programmes financés au niveau international, faisant valoir qu’une approche beaucoup plus responsable de l’UE elle-même devrait faire partie du processus de financement, et que l’OMSAR ne devrait plus continuer dans son rôle consistant à attribuer les entreprises aux contrats.

“OSMAR ne devrait pas être considéré par les organismes d’aide comme une autorité de financement ou une agence de financement des municipalités,” dit-il. “Je suis tout à fait en faveur de la prévention de la corruption…le processus d’appel d’offres est une étape importante lorsque nous parlons de transparence…Je lutte pour trouver la logique derrière[le financement communautaire].

“Je suis également très inquiet car nous constatons déjà les conséquences de la crise de la gestion des déchets solides avec certaines maladies comme le cancer dans les régions où il y a de la pollution de l’eau…nous avons nous-mêmes prélevé des échantillons d’eau dans diverses régions du pays et la nappe phréatique est gravement affectée par la mauvaise gestion du secteur des déchets solides en général.”

Ghassan Hasbani souhaite que l’OMSAR soit interdite de choisir les entreprises et de leur allouer des fonds communautaires.

L’UE maintenant piégée par le “marché de la corruption” au Liban

Mais l’histoire de l’usine de recyclage dysfonctionnelle, voire comique, de Miniyeh n’est pas isolée. Le manque d’imputabilité de tels projets a provoqué ces dernières années la frénésie d’individus corrompus, désireux de faire des profits dans une “entreprise” où un million ou deux de dollars peuvent être faits par un coup de fil aux bonnes personnes.

Une partie de notre enquête nous a même permis de trouvé un homme d’affaires légitime qui a été approché par un ancien ministre du gouvernement pour lui suggérer de mettre sur pied une des fausses opérations pour se remplir les poches avec de l’argent de l’UE, “administré” via le fameux OMSAR.

En outre, sur une douzaine d’usines de recyclage et de compostage financées par l’UE, l’auteur en a rescensé deux qui avaient été créées et qui, une fois l’argent de l’UE versé, ont rapidement fermé leurs portes dans des circonstances plutôt suspectes. Et des ligues d’experts qui prétendent tous que le “compost” produit par les exploitants n’est même pas authentique, mais, encore une fois, de qualité inférieure.

Wadih el Asmar, l’ancien chef de You stink! (tu pues) (mouvement de protestation crée au Liban) et l’un des principaux militants des droits de l’homme n’est qu’un parmi tant d’autres, qui a été arrêté dans le passé pour son travail en faveur des droits de l’homme. Il soutient également les affirmations selon lesquelles la plupart des projets financés par l’UE sont des projets bidons, certains d’entre eux ayant recours soit à brûler leurs ordures, soit à les jeter la nuit, en raison d’opérations mal gérées.

“Ce n’est pas que le gouvernement n’a pas les moyens techniques…c’est plus que ces projets de l’UE sont presque totalement inefficaces, a-t-il dit.”

“La plupart d’entre eux ne fonctionnent tout simplement pas à cause de la corruption, et il importe peu qu’il y ait un badge de l’UE dessus. Dans l’un d’entre eux, tout l’équipement a été volé au tout début…Aucun d’entre eux ne fonctionne réellement car l’UE ne semble pas se soucier de la corruption qui sévit actuellement.”

Une usine de l’UE n’a même pas fonctionné et ce dès le premier jour, car le personnel a volé l’équipement et l’entreprise qui l’exploitait a pris l’argent et s’est enfuie. Dans un autre cas, des familles ayant des liens politiques se sont disputées pour savoir qui obtiendrait le contrat, c’est l’argent facile à gagner.

En Décembre 2018, Wadih El Asmar a ajouté que “la plupart du temps, ces politiciens font en sorte qu’il est impossible de vraiment tenir les criminels responsables de leurs actes, de sorte que nous ne comptons pas beaucoup sur leurs histoires.” “Le principal problème du programme de l’UE est qu’il s’agit d’un programme d’investissement, alors l’UE construit et se cache derrière le fait qu’elle n’est pas responsable de l’opération et qu’elle ne peut faire aucune intervention une fois l’usine remise à OMSAR. C’est tout le système qui doit être réorganisé de manière à garantir plus de transparence et d’efficacité.”

Sur Miniyeh, El Asmar est clair: “Il est certain qu’une évaluation authentique et transparente aurait pu éviter de telles erreurs criminelles. C’est pourquoi nous insistons sur une évaluation systématique avant tout projet.”

En effet, on a peine à croire qu’un simple comité d’experts en environnement chargé d’examiner les demandes des entreprises pour les contrats lucratifs de l’UE n’est pas été mis sur pied dans un pays qui fait équipe avec des universitaires. Pourquoi l’UE a-t-elle une aversion envers la découverte de la corruption et à l’obtention des bonnes entreprises pour mener à bien son travail?

Certains ont fait valoir que c’est l’emprise du Liban sur l’Occident en général avec ses plus d’un million de réfugiés Syriens. D’autres pensent qu’il s’agit peut-être de l’actuelle chef de la délégation de l’UE elle-même qui pourrait se sentir mal à l’aise à l’idée d’agiter le drapeau pour attirer l’attention sur ses propres extravagances, comme la villa de 10 millions de dollars qu’elle loue comme sa propre résidence, un immense palais qui a pris une année entière pour s’adapter à ses spécifications, payé par les contribuables européens.

D’autres cependant, comme l’un des plus grands experts de la lutte contre la corruption, pensent que l’UE est tout simplement piégée dans un jeu qu’elle a créé avec l’élite libanaise qui voit ces centaines de millions d’euros que l’UE donne au Liban comme une source de revenus légitime à détourner. Ajoutez à cela les relations de l’UE avec l’Iran, le parrain du Hezbollah, et la puissance du groupe Chiite au Liban, et il est plus facile de comprendre comment les choses sont devenues hors de contrôle.

“Apparemment, la mafia politique a accepté de concevoir une zone de corruption afin de minimiser le risque d’affrontement entre les uns et les autres. Chaque faction politique a son groupe d’entreprises qui monopolisent sa part du marché de la corruption,” explique Rabih El Chaer, un avocat qui dirigeait auparavant une organisation de transparence au Liban.

“Les donateurs internationaux ont compris cet équilibre, dit-il. Ils savent que c’est le prix à payer pour pouvoir travailler au Liban.”

Ce piège dans lequel les agences de l’UE se trouvent commence cependant à inquiéter les puissants fonctionnaires à Bruxelles. Un euro-député respecté dans le cercle international est “choqué” et demande maintenant que l’ensemble du programme de gestion des déchets au Liban fasse l’objet d’une enquête par la propre agence anti-fraude de l’UE basée à Bruxelles.

Je suis extrêmement préoccupée par ce que cette enquête a révélé, déclare Ana Gomes, députée européenne. “C’est plus que la crédibilité de l’UE qu’elle remet en question: c’est l’efficacité et l’intégrité des contrôles internes et externes de l’UE qui ont pu être infiltrés par des individus incompétents ou criminels qui ont permis à des réseaux criminels au Liban de pervertir totalement les objectifs de l’aide européenne et même mettre la vie des gens en danger,” explique-t-elle.

“Outre l’utilisation abusive flagrante de l’argent des contribuables européens, cela exige une enquête urgente et approfondie de la part de l’UE…afin que les responsables, dans l’UE et au Liban, soient traduits en justice et que l’aide publique au développement (APD) au Liban soit immédiatement examinée, corrigée et soumise à un contrôle rigoureux,” a-t- elle ajoutée.

Ana Gomes faisant pression pour qu’une enquête soit menée à Bruxelles non seulement pour mettre fin à la corruption, mais aussi pour poursuivre ceux qui, au Liban, font partie des sociétés fictives.

Mais il pourrait être difficile de faire changer le système dans un pays dirigé par des gangs qui sont déterminés à détruire son infrastructure dans le but exprès de piller davantage l’aide au sauvetage étrangère.

Rabih El Chaer prévient même que si l’UE essayait de remplacer ou même de modifier le système corrompu actuel, elle “rencontrerait de sérieux problèmes au Liban.” En effet, il ne peut y avoir de meilleur exemple de projets d’aide qui s’arrêtent lorsque les politiciens corrompus se sont vus imposer des coupes sombres, à savoir dans le projet des six stations d’épuration du Liban, toutes construites vers 2000 et inopérantes en raison des conditions strictes de lutte contre la corruption.

Le résultat est donc que 100% des eaux usées du Liban vont directement dans la Méditerranée tandis que ces six géants sont une idole, une métaphore stoïque de tout ce qui est corrompu au Liban en matière de gestion des déchets de l’aide internationale.

Au Liban, la règle est que si ne prend pas une grosse part, alors rien ne bouge.

Dans le cas d’OMSAR, l’avocat soutient l’idée que la corruption au sein de l’organisation avec des contrats pourrait bien ne pas être le fait d’individus qui se remplissent les poches mais d’agents politiques (en l’occurrence le Hezbollah qui avait un certain nombre de ministres sous sa coupe ces dernières années) qui fournissent des sommes énormes en espèces.

Dans la course effrénée pour que l’élite mette la main sur l’argent liquide de l’UE, le gaspillage est époustouflant, avec peu d’efforts pour couvrir les arnaques, tant la confiance de ceux qui les encaissent est grande.

Antoine Moussa, spécialiste de l’environnement, est profondément cynique à propos des usines de l’UE: “L’UE dépense 60 millions d’euros pour ces usines, mais c’est une perte de temps et d’argent car tout ce qui se passe dans ces opérations est de la corruption,” a-t-il déclaré en citant un exemple de deux usines européennes qui sont maintenant fermées.

“Une usine de l’UE, Kfour, se voyait disputée par des partis politiques pour savoir qui la dirigerait, et il y a eu un scandale à propos des déchets hospitaliers qui s’y trouvaient. Une autre, Ansar, est totalement déserte maintenant avec tout l’équipement volé.”

Pourtant, pour ceux qui ne jettent ni ne brûlent leurs ordures, mais qui produisent du compost, tous les militants s’accordent à dire qu’il y a de réelles préoccupations sanitaires et environnementales, suite aux tests d’eau effectués sur l’usine de Miniyeh.

Quelle est la probabilité (si l’on peut encore parler de probabilité mais plutôt de certitude) que la douzaine d’usines de recyclage et de compostage de l’UE produisent des déchets dangereux qui empoisonnent la nappe phréatique et menacent la santé de la population, dans un pays comme le Liban devancé seulement par le Mozambique, le Nigeria et la République Centrafricaine en termes de corruption selon Transparency International?

Enquêter sur les enquêteurs

De nombreux courriels échangés avec la délégation de l’UE pendant près de deux ans ont montré qu’elle ne se considère pas responsable de la manière dont l’argent est géré une fois qu’il quitte les caisses de l’UE.

Le prédécesseur de l’expert actuel, qui est parti en 2017, a cependant admis que les usines avaient quelques problèmes, tout en soulignant que l’UE ne paie que pour la construction.

Il est vrai que l’exploitation et la maintenance sont une préoccupation et que les opérateurs privés chargés ne remplissent pas toujours leurs fonctions, a-t-il expliqué.

Mais comment une telle irresponsabilité peut-elle être acceptable? Un argument pourrait être que l’UE est maintenant en mode “camouflage” et ne veut pas lever le voile sur l’échec spectaculaire que sont devenus ses projets de gestion des déchets au Liban.

Après 15 ans, aucune usine n’est même capable de produire du compost d’une qualité qui pourrait être vendu aux agriculteurs. Il est clair que l’UE essaie de passer sous silence l’échec lamentable des 12 sites.

Et comment l’UE peut-elle espérer être prise au sérieux alors qu’elle paie une société de conseil qui fait partie de son cercle politique confortable à Bruxelles?
La LDK, à l’instar de nombreuses sociétés de conseil qui disposent d’élégants bureaux proches de la Commission Européenne, a-t-elle été amenée à dénoncer ou à dissimuler les sales affaires de l’OMSAR?

L’OLAF, l’enquêteur de l’UE chargé de la lutte contre la fraude, n’aurait-il pas dû être chargé de cette tâche, et non une société de conseil, qui peut être manipulée?

Et quelle sorte d’exemple pour OMSAR est le fonctionnaire français qui, lorsqu’il est arrivé en 2017, a refusé de signer 17 millions de dollars d’aide à OMSAR, non pas parce qu’elle était détournée vers de fausses entreprises mais parce qu’elle aurait été en contradiction avec ses propres projets de vacances pour cet été?

L’UE n’a pas seulement créé une calamité environnementale avec son accord tacite et louche pour que ces fonds soient détournés vers des groupes politiques comme le Hezbollah, mais elle s’expose également à des poursuites judiciaires. Wadih el Asmar qualifie l’affaire Miniyeh de “criminelle” et demande que des mesures soient prises contre OMSAR et les entreprises. Il est peu probable que cela se produise, mais au niveau local, l’UE (via l’OLAF) pourrait pousser le gouvernement libanais à poursuivre les fonctionnaires des municipalités, comme l’a suggéré le député européen. Cette idée est plus réalisable, selon un professeur de droit de l’environnement qui a accepté avec réticence d’être interviewé, craignant les conséquences…

“J’aimerais qu’un fonctionnaire fasse l’objet d’une enquête judiciaire, voire d’une condamnation, mais c’est une utopie dans l’état actuel du système gravement corrompu,” déclare Raphaël Joseph Sfeir.

Ziad Abi Chakir estime toutefois que l’UE devrait tout simplement supprimer ou réviser radicalement le processus d’appel d’offres actuel.

Lorsque personne n’est responsable d’un projet, la tendance se poursuit jusqu’à ce qu’elle atteigne des niveaux inacceptables avant que l’une des deux choses suivantes ne se produise: soit le financement cesse complètement, soit de nouvelles mesures de responsabilisation sont strictement appliquées.

Le piège ou la dépendance de l’UE à verser des centaines de millions de dollars de l’argent des contribuables européens dans des projets fictifs au Liban pue à de nombreux niveaux.

L’UE est dans une situation trop profonde et toute tentative de mettre fin à cette folie entraînerait un tel scandale médiatique qu’il ne vaut pas la peine pour des fonctionnaires comme le chef de la délégation européenne de faire le ménage dans cette affaire. Mais le pire, c’est le mépris incroyable pour la responsabilité…Des fonctionnaires de l’UE qui dépensent de l’argent comme des gangsters libérés de prison et vivent dans de vastes maisons de ville aux modes de vie de rock stars, ce qui a encouragé la croissance record de la corruption au Liban et qui va certainement faire les gros titres quand l’eau sera reconnue officiellement comme la source principale de l’augmentation des maladies chroniques. Et les usines financées par l’UE en sont responsables.

Le “marché” de la corruption est devenu trop grand et trop puissant et, de concert avec les politiciens, il se mouille les lèvres en regardant les incinérateurs de 300 millions de dollars qu’il veut que l’UE achète, dans le cadre d’un cycle pervers d’injection d’argent dans un trou noir, qui lui-même, dans un pays dont la dégradation environnementale atteint des records, se développe de façon exponentielle; un océan complètement pollué par les eaux usées qui y sont pompées, à la suite de l’échec des stations d’épuration de l’UE, en concurrence avec une douzaine de systèmes de recyclage et de compostage qui empoisonnent les eaux souterraines (utilisées par les agriculteurs pour leurs cultures) alors que les municipalités brûlent les déchets la nuit et libèrent des toxines dans l’air. Et maintenant, les incinérateurs, qui rapporteront des millions de dollars pour les coffres de l’élite (et leurs milices) est désormais le nouveau centre d’intérêt, malgré les sous-produits (cendres) qui doivent être mis en décharge et savent être toxiques.

Si l’UE n’a pas réussi, comme notre enquête l’a révélé, à effectuer les analyses d’eau les plus élémentaires dans la région de Miniyeh, avant même d’approuver le financement, pouvons-nous nous attendre à ce qu’elle se préoccupe des conséquences horribles des incinérateurs?

L’argument proviendra-t-il du gouvernement libanais selon lequel “l’eau souterraine était déjà 100 fois plus polluée que ce qui est presque sûr par le compost qui était toxique, alors quelle différence les cendres toxiques des incinérateurs feront-elles”?

Le 9 Mai, l’UE célébrera ses 40 ans de présence au Liban, aussi banale et ironique que Christina Lassen a récemment prononcé un discours sur l’ampleur du travail accompli par l’UE dans le secteur de l’environnement ou même les ambassadeurs des pays européens comme le Royaume-Uni qui la soutiennent et prétendent être des grands du journalisme, mais qui ne pouvaient pourtant pas soutenir le financement par le public de cette enquête…La communauté internationale n’est pas seulement hypocrite dans son soutien à la destruction assidue de l’environnement libanais et à l’augmentation du nombre de cas de cancer, mais elle est aussi un acteur majeur pour permettre à une mafia de s’installer et de faire du pays une zone sinistrée afin de détourner davantage de fonds pour l’aide, comme c’est le cas actuellement avec les 11 milliards de dollars en “aide” qui sont versés vers Beyrouth mais en réalité, en plus de taxes, de services et de travail, les générations futures vont payer davantage et beaucoup moins bien, en termes de criminalité, de santé.

Il est grand temps que les Libanais se réveillent et commencent à demander des comptes à leurs propres dirigeants, à commencer par le programme de gestion des déchets criminels de l’UE au Liban qui pue tout simplement.

A letter by the EU delegation chief states that the entire project is in fact €30 million (whereas an expert in the field was quoted as saying it was €60 million euros – projected – so the editor has left it thus).